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Pourquoi consulter un kinésithérapeute ?

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Pourquoi consulter un kinésithérapeute ?

Douleurs persistantes, blessures sportives ou troubles posturaux: la kinésithérapie offre des solutions ciblées pour retrouver mobilité et confort. Fort de plus de 30 ans d’expérience, le président de l’Association monégasque des masseurs-kinésithérapeutes libéraux, Philippe Vial, explique le rôle clé de cette discipline dans la récupération physique. MonacoSanté vous informe.

La kinésithérapie à tout âge

Le traitement par le mouvement : c’est ainsi que l’on peut résumer la kinésithérapie, une discipline relativement récente, née après la Seconde Guerre mondiale à partir du diplôme de masseur médical. «À l’international, on utilise souvent le terme de physiothérapeute. La kinésithérapie inclut les massages, les manœuvres externes et l’ensemble de la mécanothérapie utilisée en rééducation fonctionnelle. Son objectif est de restaurer une fonction déficiente», explique Philippe Vial, kinésithérapeute à Monaco depuis plus de 30 ans. De la neurologie à l’orthopédie traumatologique, des troubles des fonctions urinaires à la kinésithérapie respiratoire du jeune enfant, des problèmes ostéo-articulaires aux troubles de l’équilibre, en passant par la prise en charge du sportif ou l’aide à la mobilité à domicile: les champs d’action sont vastes. «Nous pouvons accompagner des patients de 0 à 100 ans. Par exemple, nous prenons en charge, dès la naissance, à la maternité, des enfants qui présentent des malformations congénitales des pieds», précise Philippe Vial. Dans la majorité des cas, les patients sont orientés par leur médecin après un accident, une maladie ou l’apparition d’un trouble fonctionnel. Car la kinésithérapie s’effectue uniquement sur prescription médicale. La première consultation permet d’établir un bilan et de définir les techniques adaptées. «On analyse la pathologie et, si cela ne relève pas de notre compétence ou si l’intervention est prématurée, on réoriente le patient. Certaines situations se résolvent en cinq séances; d’autres nécessitent plusieurs années de soins.» En moyenne, une séance dure une trentaine de minutes, sauf dans des cas particuliers comme la kinésithérapie respiratoire, dont la durée est généralement plus courte.

Kinésithérapie et ostéopathie : des pratiques différentes

Pour accompagner le patient, le kinésithérapeute peut se spécialiser sur une pathologie et dispose d’une large palette d’outils: ondes ultrasonores, radiofréquence pour l’échauffement des tissus, électrothérapie dans le traitement de la douleur, électrostimulation pour renforcer les muscles. Et, bien sûr, toutes les techniques de massage qui relèvent de sa compétence. «Dans notre domaine d'expertise, il y a aussi la kinésithérapie du sport au sens large, pas uniquement pour les athlètes de haut niveau. On peut prendre en charge un sportif blessé et le suivre de A à Z pour le ramener sur le terrain, pour qu’il reprenne son activité, notamment grâce à la musculation. Nous disposons d’appareils très perfectionnés qui nous permettent de réaliser des bilans et d’évaluer la progression. C’est pour cela que le terme kinésithérapie devient un peu réducteur. En 70 ans, la discipline a énormément évolué.» Et ne doit cependant pas être confondue avec l’ostéopathie. «Cette dernière part de l’individu dans sa globalité pour rétablir un équilibre, puis se recentre éventuellement sur un point précis. La kinésithérapie fait l’inverse: elle part d’un segment–un genou, une cheville, une hanche, une épaule–pour ensuite élargir si nécessaire. Notre objectif reste de restaurer la mobilité d’une articulation ou d’une fonction. Les manipulations et les outils ne sont pas les même : l’ostéopathie est exclusivement manuelle, tandis que la kinésithérapie utilise également du matériel », détaille Philippe Vial. Au Centre Paramédical de Fontvieille, qu’il a fondé en 1995, six kinésithérapeutes et deux ostéopathes travaillent à plein temps. «Selon moi, ce sont deux professions totalement complémentaires. L’essentiel est d’aider la personne à sortir de son mal-être, de sa douleur ou de ses troubles posturaux», souligne-t-il.

Maintenir l'autonomie de la personne âgée

Si la kinésithérapie comporte de nombreuses spécialités, l’une prend aujourd’hui une importance croissante: l’accompagnement des seniors. «Une de nos fonctions principales est de contribuer au maintien de l’autonomie à domicile. Une personne âgée laissée seule bougera moins, sortira moins, fera moins d’exercice. Peu à peu, elle glissera vers une forme de léthargie et perdra toute autonomie alors qu’elle n’avait, au départ, aucun problème particulier», explique Philippe Vial. Exercice régulier et mobilité deviennent alors des leviers essentiels pour prévenir la perte d’indépendance. À Monaco, 45 kinésithérapeutes libéraux sont autorisés à exercer, dont 6 exclusivement à domicile, au plus près des besoins. «La personne âgée, ce n'est pas spécialement la douleur qui va l'empêcher de sortir ou de se promener. C’est vraiment le manque de stimulation. Il n’est plus tolérable aujourd’hui de la laisser glisser vers une perte totale d’autonomie.» La demande est croissante et les médecins gérontologues orientent de plus en plus leur patient vers cette pratique médicale qui permet de maintenir une certaine indépendance. «Très souvent, nous sommes appelés pour un papi ou une mamie seuls chez eux, et qui bougent très peu», éclaire Philippe Vial.

Vers un Ordre monégasque des masseurs-kinésithérapeutes ?

L’appel à la kinésithérapie semble donc de plus en plus fréquent dans le parcours de soin. Il existe cependant quelques situations où elle ne doit pas être le premier recours. «Pour les lésions aiguës, à l’image d’une fracture ou une entorse grave, il faut impérativement avoir réalisé un bilan auparavant, prévient le professionnel de santé. Si on ne fait pas attention, on peut faire des dégâts. Le point de départ, c'est d'établir un diagnostic.» Toute cette philosophie, l’association monégasque des masseurs-kinésithérapeutes libéraux la prône depuis sa création en 1987. Sur les 45 professionnels libéraux de la Principauté, 35 en sont membres. Philippe Vial en est le président depuis 2012: «Nous sommes un interlocuteur entre les praticiens, les instances dirigeantes et les organismes sociaux.» Depuis plusieurs mois, l’association se mobilise pour faire évoluer ses statuts et permettre à la Principauté de se doter d’un Ordre monégasque des masseurs-kinésithérapeutes. L’objectif est de devenir une personne morale qui gère véritablement la profession. Aujourd’hui, n’importe quel kinésithérapeute libéral ayant une autorisation d’exercer peut s’installer à Monaco sans être affilié à l’association. De même, ceux de l’hôpital ou du Centre-Cardiothoracique en sont exclus car ils sont salariés. » Les discussions avec le Gouvernement princier ont débuté, celui-ci ayant accueilli favorablement la proposition. «Cela permettrait à la profession de s’organiser et d’avoir un contrôle accru sur les praticiens exerçant sur le territoire, afin d’éviter de potentielles dérives. La création d’un cadre plus fort nous donnerait la possibilité d’être le premier niveau en cas de litige ou de problème», poursuit le président. À ce jour, seulement un quart des kinésithérapeutes de Monaco sont de nationalité monégasque. Un futur ordre pourrait ainsi mieux informer les jeunes Monégasques et les inciter à se former à ce métier. « C’est une profession exigeante par les études, le coût de l’immobilier à Monaco, les accords conventionnels avec les caisses sociales-mais cela reste un métier très utile et passionnant. Je ne regretterai jamais mon choix, et je referais exactement la même chose. Arrivant en fin de carrière, je peux me permettre un avis avec du recul: jamais je n’aurais fait autre chose.»